Au fil de la presse...

Le Petit Journal (1863-1944)

Vingette Le Petit Journal

Année 1863 (documents retranscrits et transmis par François Texier)

N° 00036 du dimanche 8 mars 1863 : Vol à la Philarmonique

Depuis quelques temps, des vols d’argent se commettaient au préjudice de la société philarmonique de Puteaux, dont les fonds sont déposés à la mairie de cette commune. Les soupçons du secrétaire de la mairie s’étant fixés sur un sieur P. musicien de cette localité, une perquisition eut lieu ces jours derniers à son domicile et amena la découverte d’argent provenant de ces soustractions. Le secrétaire avait eu soin, après le premier vol, de marquer d’un signe particulier les pièces déposées dans sa caisse. Le sieur P. a fait des aveux, et a été mis en état d’arrestation.

N° 00082 du jeudi 23 avril 1863 : Concours d'orphéons

Un grand concours d’orphéons, de musiques d’harmonie et de fanfares aura lieu le 17 mai à Puteaux, près de Paris, sous le patronage de la municipalité. Les jurys seront composés de membres de l’institut, du conservatoire, et de chefs de musique de la Garde, des médailles du grand prix seront décernées aux lauréats. La presse sera conviée à cette solennité artistique.

N°00086 du 27 avril 1863 : Justice, Cour d’assises de la Seine. Assassinat sur un garde de la Garde Impériale, jalousie.

Présidence de M. Portier.
Audience du 25 avril.
Irma Durmont est une jeune ouvrière travaillant dans les fabriques de Puteaux, et qui, de l’assentiment d’une mère trop complaisante, se faisait courtiser par un grenadier de la garde et par un jeune ouvrier peintre. Tous deux prétendaient l’épouser ; seulement le grenadier avait obtenu pour le mariage l’assentiment de la famille, tandis que celle du jeune peintre en bâtiments se montrait plus difficile, et peut-être n’était-ce pas sans quelques raisons. La jalousie, la rivalité existaient naturellement entre les deux prétendants. Le grenadier était très féroce en paroles, mais en paroles seulement ; il menaçait volontiers le pékin, qu’il affectait de traiter en enfants, parce qu’une différence de sept années les séparaient mais il s’en tenait aux menaces, dégainant volontiers son grand sabre, mais le grand sabre rentrait dans son fourreau tout aussi facilement qu’il en était sorti. Bref, c’était un homme bon, au dire d’Irma, facile et doux, au dire de ses chefs, de ce malheureux grenadier. Il n’avait qu’un tort, cruellement expié, c’était d’aimer trop sérieusement Irma qu’il voulait épouser, si bien qu’il se montrait fort impatienté des assiduités de Barthélémy qu’il rencontrait toujours sur son chemin, même à la porte d’Irma, même à minuit, à l’heure du plus secret rendez-vous.
De cette situation un malheur devait advenir. Le grenadier fut trouvé mort sur le chemin de Suresnes ; il avait reçu un coup de couteau par derrière, au-dessous de l’omoplate gauche l’artère aorte avait été traversée.
Barthélémy est accusé de ce coup perfide qui a causé instantanément la mort. Il ne nie pas avoir donné le fatal coup de couteau mais il l’a donné pour se défendre, du moins il le prétend, avec l’assurance d’une conscience tranquille, il était allé après le coup se remettre entre les mains de la gendarmerie. Ce n’était là, dit l’accusation, qu’une habileté, il préparait les éléments de sa défense ; Barthélémy a vingt ans ; il est blond, et ses traits ne manquent ni de régularité ni de finesse mais s’il a une figure agréable, on ne saurait avoir l’expression plus froide, plus sèche, plus impassible, nous dirions plus ironique.
Ces graves débats, la présence d’Irma pour laquelle il a tué un rival détesté, rien n’a arraché à cette nature de marbre un moment d’émotion. Du reste, Irma ne montre pas moins d’insensibilité.
M° Delasalle est chargé de la défendre.
Voici ce qui résulte de l’acte d’accusation ; « Le 27 février 1863, un jeune homme, disant se nommer Henry Barthélemy, se présente vers minuit et demi à la caserne de gendarmerie de Suresnes, déclarant qu’il venait d’avoir sur la voie publique une discussion avec un militaire, qu’il l’avait frappé d’un coup de couteau, et il ajoutait qu’il pensait bien l’avoir tué. En même temps, il montra un couteau ayant encore la lame teinte de sang, La gendarmerie se rendit immédiatement sur les près de la station du chemin de fer de Suresnes, et trouva le corps inanimé d’un soldat revêtu de l’uniforme des grenadiers de la garde il avait la face contre terre et gisait dans une mare de sang près de lui, on apercevait une lame de sabre retirée de son fourreau. Le corps était celui du grenadier Bonneveau, âgé de vingt-sept ans, au régiment de la garde, le meurtrier était Henri Barthélémy, âgé de dix-neuf ans, ouvrier peintre à Nanterre, Il fut mis en état d’arrestation. Bonneveau avait été frappé par derrière : L’instrument du crime, le couteau, remis par Barthélémy, avait pénétré entre la huitième et la neuvième côte, du côté gauche. L’artère aorte avait été divisée, et la mort avait été instantanée ».
Barthélémy déclara qu’il était depuis sept mois l’amant d’une fille, Irma Dumont. Ouvrière à Suresnes, laquelle avait précédemment entretenu des relations intimes avec le grenadier Bonneveau que celui-ci n’avait pu se résigner à l’abandon de sa maîtresse, qu’il continuait à fréquenter sa famille, qu’il persistait dans son dessin d’épouser Irma, et qu’après plusieurs scènes de jalousie, après plusieurs actes de violence, Bonneveau l’avait accosté cette nuit même près du pont de Suresnes, au moment où il retournait chez lui à Nanterre, il avait dégainé son sabre en lui disant « C’est ici que tu vas avoir ton affaire » que dès lors pour se défendre, il s’était armé du couteau qu’il portait sur lui dans sa ceinture, au-dessous de sa blouse, et qu’il en avait frappé Bonneveau sans avoir l’intention de le tuer.
Ce récit, vrai sur plusieurs points, ne disait pas cependant la vérité tout entière, et il tentait à dépouiller le meurtre de son caractère criminel. L’instruction a établi que le coup porté par Barthélémy ne l’avait pas été dans le cas de légitime défense, que la blessure avait été faite avec une force et une énergie qui dénotait une intention d’homicide, et qu’enfin le meurtre avait été prémédité. Bonneveau avait en effet été l’amant d’Irma Dumont ; cette jeune fille l’avait abandonné pour Barthélémy, et Bonneveau en avait conçu un profond chagrin, mais il n’avait pas renoncé à l’espoir de la ramener à lui ; il avait continué à voir sa famille, qui consentait au mariage, et il avait dit qu’il pardonnerait à Irma si elle voulait l’épouser. Il devait être et il était animé d’une certaine jalousie contre Barthélémy, mais cette jalousie, qui s’était deux ou trois fois manifestée par des actes d’une certaine violence, n’avait jamais pris le caractère d’une haine devant être assouvie dans le sang, et jamais, de la part de Bonneveau, elle n’avait fait présager une lutte entre les rivaux.
Bonneveau, d’un caractère naturellement doux et patient, regardait Barthélémy comme un enfant contre lequel il ne lui était pas permis de s’emporter, et au moment où il se trouvait seul avec Barthélémy la nuit, à l’endroit même où il allait être frappé, il lui disait : Tu as de la chance d’être si jeune car si tu était de mon âge, je te ferais voir ce que je vaux ; dans tous les cas tu n’es qu’un mangeur de blanc. Il n’est donc pas permis de supposer que Bonneveau ait été l’agresseur, et les témoins ont déclaré que dans la soirée qui précéda le crime, ces deux hommes étaient près l’un de l’autre sans que rien ne fit supposer leur inimitié. Mais in n’en était pas ainsi de Barthélémy, il aimait Irma, et il savait par elle-même que puisqu’il ne pouvait obtenir de son père son consentement pour l’épouser, elle retournerait aves Bonneveau qui lui promettait le mariage. Il avait écrit au père de Bonneveau une lettre anonyme, pour lui persuader de ne pas donner son consentement et pour lui présenter Irma comme une fille perdue.
Aussi avait-il préparé les moyens d’exécuter son crime, et l’a-t-il accompli avec une rage et une énergie extraordinaires dans un jeune homme de dix-neuf ans. Il reconnait lui-même qu’il s’était emparé chez son père d’un grand couteau de cuisine qu’il avait lui-même aiguisé, et qui depuis quinze jours il le portait sous sa ceinture. Il l’avait caché à tous ses amis, à sa maîtresse, la possession de cette arme meurtrière, et dans la soirée du 20 février, il avait arraché dans une vigne un échalas dont il disait vouloir se servir pour se défendre contre Bonneveau, s’il était attaqué.
Ce même soir, à huit heures, Barthélémy avait été prendre Irma à la porte de son atelier, il l’avait conduite dans un petit spectacle et il avait aperçu Bonneveau qui se son côté, était venu à trois heures chez la mère de la jeune fille, et qui le soir avait été au-devant d’elle. En sortant du spectacle vers dix heures un demie, Barthélémy avait, en compagnie d’un de ses camarades, reconduit Irma et sa sœur chez leur mère, la femme Dumont, puis il avait pris le chemin du pont de Suresnes. En vain son camarade lui avait conseillé de prendre, un chemin de traverse pour éviter Bonneveau, il avait répondu que cela était inutile, quelques moments après, il rencontra un sieur Desprez, quand Bonneveau s’approcha d’eux. Rien, a dit ce témoin, ne me faisait supposer une altercation. Barthélémy et Bonneveau paraissaient également calmes. C’est très vraisemblablement après cette rencontre, et vers minuit, que Barthélémie, qui marchait derrière Bonneveau, le frappa du coup qui a occasionné sa mort.
L’accusé soutient qu’il marchait à droite du grenadier et que, sous l’impression de ses menaces, entendant le bruit de son sabre qu’il dégainait, il a tiré son couteau et a frappé. Mais Bonneveau a été frappé par derrière, à gauche les explications de Barthélémy ne peuvent donc être acceptées ; il était armé d’un échalas, il pouvait se défendre sans se servir d’un couteau, jeune et agile, il pouvait prendre la fuite s’il se croyait sérieusement menacé par un militaire armé. Il a frappé à l’improviste, avec rage il a sacrifié Bonneveau à sa jalousie.
Ainsi, non seulement Barthélémy n’était pas en état de légitime défense, non seulement il n’a pas été attaqué, mais il a prémédité son crime. Le couteau dont il s’était servi, il s’en était emparé depuis longtemps.
Après la lecture de l’acte d’accusation, on procéda à l’interrogatoire de l’accusé, dont les réponses ne jettent aucun jour nouveau sur les faits connus, et qui persiste à soutenir que Bonneveau l’a attaqué le premier.
Bonneveau n’avait aucun motif de vouloir se débarrasser de vous, dit M. le Président à l’accusé il devait se marier avec la fille Dumont sa famille y consentait, votre famille, au contraire, ne voulait pas de ce mariage. Vous, au contraire, vous vous étiez montré jaloux de Bonneveau, à ce point d’adresser, au père de ce soldat une lettre anonyme ainsi conçue.
Monsieur,
Dans les intérêts personnels de M. votre fils et le vôtre, je viens, comme une personne qui s’intéresse à vous et à M. votre fils, vous prier d’envoyer un refus à votre fils au sujet du mariage projeté que votre fils a dû vous parler, car la jeune personne qu’il fréquente et avec qui il veut absolument se marier n’est qu’une vagabonde, une jeune fille qui a déjà été en chambre avec plusieurs individus, en un mot tout ce qu’il y a de plus réprouvé et de plus mauvais sujet.
La crainte de voir cette alliance se former entre votre fils et cette fille de mauvaise vie, je viens vous prier en ami de refuser votre consentement, car ce serait le malheur de votre fils pour toute sa vie. Si cette jeune fille vous écrivait pour vous prier à son tour, car elle est capable de tout, refusez-lui et écrivez-lui tout ce que votre cœur de père vous inspirera, et au nom de celui qui prend vos intérêts et ceux de votre fils.
Et vous signez cette lettre. Le premier capitaine de l’état-major du 1er régiment de la garde. Vous reconnaissez bien avoir signé cette lettre ? L’accusé : oui, monsieur le président. On passe à l’audition des témoins.
On entend la fille Irma Dumont, c’est une ouvrière à la voie légèrement rauque, et semblait se complaire dans les intrigues entre l’ouvrier peintre Barthélémy et le grenadier Bonneveau. Elle fait sans la moindre émotion, le récit de ces tristes galanteries et bien que l’accusé parut alors avoir toutes ses préférences, elle le regarde avec la plus parfaite indifférence.
La femme Dumont, mère de la jeune ouvrière, est aussi entendue elle attendait jusqu’à minuit les amants de sa fille pour leur ouvrir la porte. M. le président adresse à ces deux femmes des remontrances qui ne sont que trop méritées sur la légèreté de la fille et la complaisance plus fâcheuse encore de la mère.
M. l’avocat général Marie soutient l’accusation.
M. Delasalle présente la défense.
Le jury, après une demi-heure de délibération, a rapporté un verdict affirmatif sur la question d’homicide, en écartant la circonstance aggravante de préméditation ; et en reconnaissant l’admission de circonstances atténuantes. La cour a condamné Barthélémy à six années de travaux forcés. (Droit.)

N° 00107 du lundi 18 mai 1863 : Bulletin

L’Empereur a présidé le conseil des ministres ce matin, à dix heures, au palais des Tuileries.
L’Empereur a par décret du 16 mai, nommé M. de Vuitry, le nouveau gouverneur de la Banque de France, Conseiller d’Etat en service ordinaire hors section.
S.M. a, par un autre décret de même date, porté de dix-neuf à dix-huit le nombre des Conseillers d’Etat en service ordinaire hors section.
S.M. l’Impératrice est toujours un peu souffrante, et il est probable que le bal de demain lundi sera encore ajourné.
S.A.I. la Princesse Mathilde vient d’honorer de sa visite l’établissement d’horticulture. de M. Mezart jeune, fournisseur breveté de Son Altesse Impétiale, situé rue de Paris, 10, à Puteaux. La Princesse Mathilde a fait un choix considérable, de plantes nouvelles pour orner son domaine de Saint-Gratien.

N° 00109 du mercredi 20 mai 1863 : Bulletin

Voyages
Les Anglais ont le rire funèbre, et leur gaîté me fait peur. Je tournai le dos à celui-ci et le laissai tout entier à la lecture de son Guide du voyageur.
Arrivé à Paris hier matin, je m’empressai de courir de la gare de Lyon à la place du Havre, qu’encombraient déjà les sociétés d’orphéonistes se rendant à Puteaux ? Irai-je à Versailles ? Tel fut ma question que je m’adressai. Je me décidai pour Versailles, à cause de son exposition de fleurs.
Il faut à Versailles du bruit, du monde et des Jetés. La foule lui sied, surtout la foule endimanchée, bariolée et remuante. Avec la foule et le bruit, Versailles est magnifique, et sa majestueuse beauté brille de tout son éclat.
Jacques BONUS

N° 00140 du samedi 20 juin 1863 : Littérature chroniques universelles

Drame du jour
Un fonctionnaire retiré, le sieur X. était allé dernièrement, dit le Droit, visiter un ami qui habite une propriété près de Soissons. Au moment de son départ, ce dernier le chargea d’une commission. « J’ai, lui dit-il un cousin germain domicilié à Suresnes ; voici 10 000 Fr. que je désire lui remettre, et je vous serai obligé d’aller vous-même les lui porter aussitôt après votre arrivée à Paris. Je suppose qu’il a grand besoin de cet argent. C’est, ajouta-t-il, le débris d’une assez belle fortune. Mon cousin a été autrefois l’homme le plus heureux du monde. Des chagrins domestiques ont détruit ce bonheur. Cœur excellent, mais esprit faible, Charles D. se laissa abattre puis, pour s’étourdir, se livra à de folles spéculations dans lesquels des fripons l’entraînaient. Sa ruine était accomplie que je l’ignorais encore. J’avais une profonde amitié pour ce pauvre D. Affecté de sa triste position, je le recueillis chez moi, mais son humeur devint tellement bizarre, il avait une tenue si négligée que lorsqu’il lui prit un jour la fantaisie de s’éloigner, je ne fis rien pour le retenir. Je me suis occupé alors de recueillir les débris de son naufrage, et, avec beaucoup de, peine, je suis arrivé à rassembler ces 10 000 Fr. Le lendemain de son arrivée à Paris, le sieur X. se rendit à Suresnes pour s’acquitter de la commission dont il s’était chargé. Il s’informa de la demeure de M. Charles D. il la trouva difficilement. Là on lui apprit que celui qu’il cherchait avait quitté depuis six semaines la commune et était allé demeurer à Puteaux. Le temps était beau. Le Sieur X. se fit indiquer le chemin de cette localité et se mit en route à travers champs. Il ne tarda pas à trouver la promenade plus longue qu’il ne l’avait cru, et, se sentant fatigué, il s’assit au bord d’un fossé. Il prit dans sa poche le portefeuille contenant les 10 000 Fr. en billets de banque, et se mit à examiner quelques papiers. Tout à coup il entend marcher et aperçoit à vingt pas de lui un individu dont la physionomie et la mise n’ont rien de rassurant. Rassemblant vivement ses papiers, le sieur X. met à la hâte, ou croit mettre le portefeuille dans sa poche, et s’éloigne dans une direction opposée. Bientôt il s’entend appeler. C’était le personnage suspect qui lui crie : « Monsieur, venez reprendre votre portefeuille que vous avez laissé tomber. » En effet, dans sa précipitation, le sieur X. avait mis le portefeuille à côté de sa poche. Il ne put s’empêcher de rire de sa sotte frayeur, et, revenant promptement, il remercia avec effusion le bizarre inconnu, en le priant d’accepter un témoignage de sa gratitude. Mais cet homme lui répondit avec dédain « Gardez votre argent, monsieur, je n’ai que faire de cela ! » En même temps il s’éloigna. Le sieur X. ne rencontra pas à Puteaux M. Charles D. il attendit en vain son retour et finit par prier un voisin de l’avertir de se rendre à Paris pour toucher de l’argent qu’on avait à lui remettre. Deux jours après, l’ancien fonctionnaire recevait la visite, non de celui qu’il attendait, mais du voisin. Celui-ci-lui apprenait que Charles D. s’était noyé volontairement dans la Seine le jour Même où le sieur X. était venu à Puteaux. Des explications il résulta que, par un hasard des plus étrange, Charles D. était précisément l’individu que le sieur X. avait rencontré et qui avait ramassé son portefeuille renfermant une petite fortune qui lui était destinée. S’il l’eût reçue alors, elle aurait sans doute empêché son suicide.

N° 00146 du vendredi 26 juin 1863 : Mendiant de porte en porte

Sur la route de Puteaux à Paris s’en allait hier, mendiant de porte en porte, un individu pliant sous une lourde besace. Ses allures parurent suspectes à un gendarme, qui crut devoir l’aborder et lui demander ses papiers.
Le mendiant n’en ayant pas, on le fouilla et on trouva sur lui trois obligations des chemins de fer Romains, des valeurs de différentes natures, etc. Son sac contenait, outre des vives, des marchandises et des engins de chasse prohibés.
Objets, dont le possesseur n’a pas pu indiquer l’origine, ont été saisis, et on a envoyé cet homme à la préfecture de police, où les sommiers judiciaires, révéleront sans doute son identité.

N° 00165 du mercredi 15 juillet 1863 : Rixe

Une rixe assez grave a eu lieu hier après-midi, sur le pont de Neuilly, entre des jeunes gens de Puteaux et Courbevoie. Appelés pour mettre l’ordre, les voltigeurs de garde au pont de Neuilly ont dû arrêter quelques mutins.

N° 00192 du mardi 11 aout 1863 : Projet de chemin de fer

Aujourd’hui lundi 10 août, seront déposées à l’hôtel de ville, pour être soumises aux enquêtes d’usage, toutes les pièces d’un projet de chemin de fer qui intéresse au plus haut degré la population de Paris et surtout les classes laborieuses.
Il s’agit, en effet, d’un projet conçu dans l’intérêt des travailleurs et des ouvriers.
Un chemin à quatre voies, à prix extrêmement réduit, qu’il ne sera pas permis de surélever le dimanche, offrira la grande commodité de trains partant tous les dix minutes, et permettra aux ouvriers, aux petits employés, à tous ceux dont les revenus sont limités et qui, par cela même sont privés d’air pur, de jouir de la fraicheur et de la liberté des champs, rapidement et à très bas prix.
Ce chemin, exécuté dans un système nouveau, partira de la rue Lamartine, au coin de la rue des Martyrs.
Le projet traverse Montmartre en souterrain sur 800 mètres de longueur, coupe le chemin de ceinture non loin de la route de la Révolte, tourne à l’est de Clichy et arrive sur les bords de la Seine il suit la rivière, passe sous Neuilly et traverse la Seine après l’avenue, en s’appuyant sur la pointe aval de l’ile de Puteaux.
La ligne de chemin de fer reste ensuite au coteau, entre la Seine et le chemin de Versailles. Elle coupe cette dernière voie en dessous, un peu au-delà de Suresnes, se dirige vers Garche et s’arrête à Marly.
Nous ne pouvons que louer, sans restriction, la pensée à laquelle seront dus les essais d’un système nouveau et l’ouverture d’une grande voie de plaisance destinée aux petites fortunes et aux petits salaires.

N° 00224 du samedi 12 septembre 1863 : Projet de chemin de fer

Le projet d’un chemin de fer de Paris à Marly-le-Roi est en ce moment soumis à l’enquête préalable dans le département de la Seine et de Seine-et-Oise. Voici quel sera le parcours de cette voie nouvelle.
Le chemin partira de la rue Lamartine, coupera la cité Fénelon et la rue de La-Tour-d ’Auvergne, après quoi il s’enfoncera sous le sol jusqu’au-delà de la butte Montmartre.
De là, coupera la rue des Carrières, traversera l’avenue de Saint-Ouen, la rue de Moncey, la cité d’Orléans, la rue Trélat, Lacroix, etc., le chemin de Ceinture, la route Stratégique, et arrivera à la ligne des fortifications, ou sera pratiquée une porte voûtée.
Arrivée à la route de la Révolte, la ligne contourne Clichy et traverse la route d’Asnières et le chemin de fer de l’Ouest. De Clichy, la voie se dirige vers Levallois, Villers, Courcelles, elle s’avance ensuite vers Neuilly pour aller aboutir à l’avenue de Neuilly ; puis elle se rend à la Seine, où elle franchit sur un pont jeté à la fois sur les deux bras. Elle arrive à Puteaux, s’avance ensuite vers Suresnes et pénétrer enfin dans le département de la Seine-et-Oise.
Les ouvrages d’art à exécuter sont très nombreux. Mentionnons seulement, pour le département de la Seine, 45 ponts ou ponceaux dont l’un sur la Seine, et onze gares intermédiaires.
La construction du débarcadère de Paris dans la rue Lamartine tendrait à transformer le bas de la montagne des Martyres, comme on l'a transformé à mi-côte aux abords de l’avenue Trudaine. Sa situation près de la rue de Lafayette prolongée, et à proximité du carrefour projeté de la rue Ollivier et de Maubeuge prolongée, serait des plus heureuses sous le rapport des débouchés.
Ce carrefour de la rue Ollivier, le prolongement de la rue Lafayette, le square Montholon et ce nouvel embarcadère donneront une physionomie tout autre à cette partie du neuvième arrondissement.

N° 00226 du lundi 14 septembre 1863 : Un mort dans l’escalier

Un déplorable, accident a eu lieu à Puteaux. M. Gabriel M. se rendait rue Saint-Germain chez une de ses parentes. En montant l’escalier, il fit un faux pas et roula de marches en marches jusqu’au rez-de-chaussée. Au bruit de sa chute, plusieurs personnes accoururent, le relevèrent et le remontèrent chez sa parente. Il s’était fait à la tête une grave blessure, et malgré les soins qu’on lui prodigua, il ne tarda pas à succomber.

N° 00257 du jeudi 15 octobre 1863 : Trente-quatre concours

Il y a eu cette année trente-quatre concours d’orphéons, du 15 mai au 11 octobre, dans les villes de La Réole, Agen, Nîmes, Puteaux, Valence, Auch, Villejuif, Strasbourg, Suresnes, Libourne, Senlis, La Ferté-Gaucher, Sèvres, Louhans, Bollène, Nangis, Langon, Carpentras, Sierk, Beaucaire, Clermont, Antibes, Lillebonne, Vermenton, Rive-de-Gier, Saint-Hippolyte, Tourcoing, Poissy, Cadillac, Pierrelatte, Dax, Rouen, Bayeux et Choisy-le-Roi. Neuf cent soixante sociétés musicales, formant un effectif de vingt-cinq mille neuf cent quarante orphéonistes, ont pris part à ces luttes artistiques. Le nombre des fêtes chorales a augmenté d’un tiers depuis l’année dernière ce fait prouve la faveur qui s’attache de plus en plus à l’institution éminemment utile des orphéons.

N° 00275 du lundi 2 novembre 1863 : Mort la tête écrasée

Avant-hier soir, au moment où la pluie tombait à torrents, un accident funeste est arrivé sur le boulevard Saint-Martin.
Une voiture de place, qui roulait avec une extrême vitesse, heurta une voiture d’un fabricant de Puteaux. Le choc fut tel, que non seulement le conducteur de cette dernière voiture, mais son encore son fils, assis à côté de lui, furent soulevés du banc et lancés contre un omnibus, dont les roues écrasa la tête du père, et blessa l’enfant, âgé de dix ans.
Le cocher de la voiture de place a été arrêté par des sergents de ville et conduit au poste des Arts et Métiers.

N° 00300 du vendredi 27 novembre 1863 : Instruction gratuite des ouvriers

Lundi soir une intéressante cérémonie a eu lieu à l’Ecole communale de Puteaux.
M. Bouchelot, maire de la commune, assisté d'un de ses adjoints, du Conseil Municipal, de M. le Curé Bécourt et de notables de Puteaux, Suresnes et Courbevoie inaugurait le cours que l’Association philotechnique pour l’instruction gratuite des ouvriers qui vient d’ouvrir dans ce grand centre industriel.
Dans une allocution fort applaudie, M. la maire a exposé à la nombreuse assemblée l’idée qui avait présidé à l’établissement de ce cours. Il a exprimé sa reconnaissance aux professeurs qui ont bien voulu prêter leur concours désintéressé à cette œuvre philanthropique, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont contribué à sa fondation.
M. Hébert, chargé du cours de chimie, après avoir insisté sur l’utilité des cours, termine la séance par une leçon de chimie, accompagnée d’expériences, de combustion des corps dans l’oxygène qui ont vivement intéressé l’auditoire.

N° 00304 du mardi 1er décembre 1863 : On dit que le bien vient en dormant ?

On dit que le bien vient en dormant. Voici un exemple qui prouve le contraire. La domestique du sieur D., propriétaire à Puteaux, était descendue hier à la cave pour y prendre différents objets. A peine avait-elle ouvert la porte qu’un ronflement formidable se fit entendre. Effrayée, elle laissa tomber son bougeoir, dont la lumière s’éteignit, elle remonta en toute hâte.
Son maître descendit alors après avoir invité le concierge à l’accompagner. Ils aperçurent étendu à terre et dormant comme un bienheureux, un individu qu’ils reconnurent pour un nommé S., garçon de boutique d’un commerçant dont la cave est contiguë à celle du propriétaire.
S. avait pénétré, à l’aide d’effraction, dans la cave de son ancien patron puis, en enlevant une planche de la cloison, il s’était introduit dans le caveau du sieur D. Déjà il en avait soustrait plusieurs paniers de vins fins mais, tout en travaillant, il ne pouvait s’empêcher d’en boire, et à la fin, cédant à une irrésistible envie de dormir, il, s’était laissé aller sur un tas de copeaux, où bientôt un lourd sommeil s’était emparé de lui.
Remis entre les mains des sergents de ville, il a été conduit chez le commissaire de police puis envoyé à la Préfecture.