Au fil de la presse... Puteaux vu par les journaux...

Le Monde illustré

18/03/1871 : Accident de chemin de fer à Puteaux (document transmis par François Texier)

Vignette Le Monde illustré" Les Prussiens se hâtent, ainsi que le leur imposent les préliminaires de paix, d’évacuer nos provinces de l’ouest et celles de la rive gauche de la seine.
Le jeudi, 10 mars, l’acheminement des troupes d’invasion vers l’Est était plus accentué qu’il ne l’avait été encore.
Vers sept heures du soir un convoi allemand qui amenait du Mans 430 malades fut rejoint, en gare de Puteaux, par un autre train allemand composé de vingt wagon à plein chargement et marchant avec une vitesse de 32 kilomètres à l’heure.
Le premier convoi ne put se garer à temps et faire force de vapeur. Une épouvantable collision eut lieu dans laquelle les quinze dernières voitures remplies de soldats malades ou blessés furent plus ou moins mises en pièces. Dix Allemands, dit-on, été tués sur le coup, un grand nombre d’autres ont été grièvement blessés.
Le spectacle était horrible à voir. Le sang coulait sur toute la voie. Ce n’était que corps écrasés, membres brisés, des gémissements à vous donner froid dans les os. La terreur était générale et en présence d’une catastrophe si terrible ceux qui avaient échappé au danger s’enfuyaient affolés, courant de ci de là, jetant au milieu de la nuit des cris rauques et inarticulés.
Il fallut attendre pendant deux heures que les secours arrivassent de Paris. Ce n’est qu’alors qu’on put panser les blessés et s’occuper de leur transbordement.
Les locomotives des deux trains ont été gravement endommagées ; l’une d’elles a perdu ses deux grandes roues de devant dans le choc. Les bielles qui communiquent le mouvement aux roues sont brisées, les cheminées ont disparu, les tampons et l’avant-train de celle qui menait le train de marchandises sont tordus, écrasés, mis en pièces. Les grands wagons allemands, peint en gris clair et portant sur les panneaux la couronne royale de Saxe, sont, les derniers du convoi en miettes, les autres à moitié, aux trois quarts défoncés.
En voyant ces épaves amenées sur une voie de garage entre Courbevoie et Asnières, on se rend compte de cet écrasement qui a couté la vie à tant d’allemands et a un employé de la Compagnie de l’Ouest, qui a bon droit, s’est empressée de décliner la terrible responsabilité d’une pareille catastrophe.
Cette responsabilité incombe tout entière aux autorités prussiennes qui, aux termes de la convention du 28 janvier, sont chargées de régler les trains qui leur appartiennent.
S’il en était autrement, bien des allemands auraient vu dans ce désastre les effets d’une conspiration française. Ils ne se seraient pas fait scrupule de suspecter notre loyauté.


Dessin de l'état de la voie du chemin de fer après la catastrophe

Autour de Paris - Catastrophe de Puteaux -
Aspect de la voie du chemin de fer peu après la collision -
(Dessin d'après nature de M. Vierge)